Janvier, fin d’après-midi vers 2100 mètres, je suis posté sur une crête permettant d’observer de part et d’autre de la soulane. Je contemple ce contraste saisissant entre les ombrées enneigées et froides et mon versant en grande partie déneigé par le beau temps de ces derniers jours. Pas un souffle de vent, pas un bruit, la symbiose parfaite entre la montagne et l’animal que je suis devenu. Bientôt un autre élément du vivant fait son apparition sur une crête voisine, un mouflon Méditerranéen mâle. Pour les mêmes raisons que moi ce bélier solitaire se positionne en crête. Son ombre démesurée se projette sur un névé résiduel. Il ne lui faut pas bien longtemps pour identifier ma présence sur la crête voisine. Nous nous fixons un long moment tels deux voisins, puis mis en confiance, il se couche sur son poste de guet probablement habituel.
Nous sommes là, si proches et si lointains, si ressemblants et si différents et pourtant faits de la même matière et qui sait en ce moment précis habités par le même sentiment de paix.
Le soleil a disparu derrière les cimes voisines, il me reste deux heures de descente, je décide à contre cœur de rompre l’harmonie.  Il me suffit de glisser versant nord pour m’éclipser sans éveiller son attention.
Merci.


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